Monero (code XMR[1], « monnaie » en espéranto) est une cryptomonnaie qui fait parler d’elle depuis quelques semaines. Qu’as-t-elle de particulier par rapport aux autres altcoins ?

Qu’est-ce que Monero ?

D’abord, elle n’est pas basée sur du code bitcoin — elle est basée sur la technologie Cryptonote, une technologie mise au point apparemment par des cryptographes universitaires (je dis apparemment, parce que dans la grande tradition de la cryptographie, ceux-ci souhaitent rester anonymes). Vous me rétorquerez et vous aurez raison, que des cryptos sans code Bitcoin, il y en a beaucoup : Timekoin, Ripple ou plus « classiquement » NXT et la vague qui a suivi sont toutes des cryptos non basées sur Bitcoin. Si vous vous attendez à ce que je vous réponde oui, mais Monero, c’est différent, vous serez déçu :). Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de quoi vous allécher.

Monero (initialement Bitmonero) a été lancée le 18 avril 2014 comme un fork, un fork de Bytecoin (BCN, rien à voir avec Bytecoin BTE, qui n’est qu’une altcoin classique). Bytecoin est la première implémentation de la technologie Cryptonote mais elle souffre de deux graves, très graves défauts : d’une part elle est préminée à 80% (le débat fait rage pour savoir si elle a vraiment été minée en secret dans le deep web depuis 2 ans ou bien si c’est juste une manipulation de blockchain pour faire croire que – je ne m’étendrais pas dessus) et d’autre part le code a été volontairement obscurci et désoptimisé (avec probablement une version optimisée disponible uniquement pour certaines personnes). Au final, de la même manière que Litecoin a été créée comme une version équitable de Tenebrix, Monero a été créée comme une version équitable de Bytecoin.

Qu’est-ce que Cryptonote ?

La technologie Cryptonote de Monero a plusieurs avantages sur Bitcoin.

  • Elle est insensible à la double dépense (double-spending-proof) ou attaque 51 %.
  • Elle utilise des signatures de cercle, une technologie d’anonymisation extrêmement puissante (decentralised mixing), plus encore que celle de Darkcoin, puisque totalement décentralisée et gratuite (hormis les frais de transaction). En vérité, la seule technologie capable de rivaliser avec Cryptonote est peut-être la technologie connaissance zéro (ZKP, zero-knowledge proof), mais celle-ci présente de risques majeurs qui n’ont pas été testés ; les signatures de cercle, elles, existent depuis 10 ans et sont amplement connues et utilisées dans le mode cryptographique. L’anonymat ainsi fourni permet une fongibilité supérieure à Bitcoin puisqu’il est impossible de taxer sur la plus-value, étant donné qu’on ne peut savoir à quel moment un monero en particulier a été acheté.
  • Sa conception est exempte de limites en dur, contrairement à Bitcoin (et donc à absolument tous ses forks) qui est intrinsèquement limité dans sa capacité d’évolution.
  • Enfin, mais ce n’est pas techniquement Cryptonote, l’algorithme de hashage CryptoNight est conçu pour être particulièrement difficile à utiliser sur autre chose qu’un CPU (plus que n’ont pu l’être scrypt ou X11). L’objectif est que n’importe qui puisse miner (minage équitable), pas uniquement une oligarchie de mineurs avec des fermes de GPU ou d’ASICs. Il n’est pas certain que des GPU ne finissent pas y arriver (ou des ASICs), mais ils devraient alors ne pas être supérieurs de manière aussi écrasante à des CPU. Encore une fois, l’objectif est que ce soit une « monnaie du peuple », pas une monnaie d’une oligarchie de mineurs — troquer des banques centrales pour des « mineurs centraux », non merci.

Je vous invite à consulter le livre blanc de Cryptonote pour plus de détails.

Quels sont les avantages de Monero ?

La première force de Monero est d’être la première crypto Cryptonote équitabledevtome ne s’y est pas trompé, puisque nous sommes l’une des rares cryptos à obtenir sa note la plus élevée, acceptable.

Sa seconde force est de réunir un important parterre de contributeurs de premier plan : des cryptographes et mathématiciens universitaires, des développeurs d’autres cryptomonnaies (mc2 et Vertcoin), des économistes avec un fort intérêt pour l’économie des cryptomonnaies, des développeurs de très haute tenue en C et C++ ainsi que de nombreux hommes d’affaires avec plusieurs années d’expérience dans les domaines financier et juridique.

Une troisième force de Monero, et pour partie conséquence du point précédent, est la reconnaissance auprès de la communauté que Monero a su obtenir. Je ne parle pas ici de valorisation (le monde des alts est un monde de pump and dump où c’est à celui qui arnaquera le mieux son prochain avec des prix qui ne veulent rien dire). Je pourrais étaler une longue liste d’exemples, mais je n’en prendrais qu’un seul : le très influent Risto Pietela, connu pour n’avoir aucune confiance dans les alts, a loué Monero et en a acheté.

Enfin quatre clones en un cinq semaines, ça veut forcément dire quelque chose, non ?

En conclusion, Monero est une crypto innovante, équitable, solide et reconnue.

Quel est l’avenir de Monero ?

Pour le moment, Monero est au stage de Bitcoin il y a quelques années : tout se fait en ligne de commandes et les habitudes doivent être changées. Nous travaillons dessus, bien sûr. Mais nous ne voulons pas faire vite. Nous savons que les choix d’aujourd’hui auront des conséquences pour plusieurs années. Ici encore, ne jugez pas Monero avec les critères de l’alt du moment, vous seriez déçu. Si vous voulez faire de l’argent avec Monero, je vous encourage à suivre la stratégie 10/200 étendue. Vous pouvez acheter du monero sur cryptonote.exchange.to (mon préféré), swaphole ou Poloniex ou encore Bittrex. Nous sommes également en pourparlers avec d’autres importantes places de marché.

Monero n’a pas pour objectif de réussir rapidement. Litecoin a failli mourir en son temps et Bitcoin aussi, à plusieurs reprises. L’infrastructure de Monero, telle que nous la construisons, est prévue pour le long-terme. Voici la liste de ce qui est suffisamment avancé pour que nous puissions en parler [2].

  • Le logo a été conçu par des professionnels du design et de la communication pour mettre en avant la solidité et la visibilité.
  • Des mathématicien et cryptographe universitaires se penchent sur le protocole.
  • Le site web est en statique pour éviter les DDoS le temps de mettre en place un site web conçu pour tenir dans le temps non seulement au niveau technique (c’est la partie facile) mais aussi au niveau humain (rapport signal-bruit).
  • Le portefeuille graphique est étudié pour une abstraction maximale, afin de permettre une maintenabilité et une évolutivité en conséquence.
  • Nous implémentons des MIP (Monero Improvement Proposal), à la manière des BIP (Bitcoin Improvement Proposal)[3] (liste des MIP).
  • Nous avons lancé une initiative pour implémenter I2P sans Java [4].
  • Nous sommes en conformité avec la norme ISO 4217 sur les codes de devises. Désormais, le code de Monero est XMR.

Comme vous le voyez, nous privilégions la solidité à la célérité. Si vous cherchez de l’argent rapide et facile, allez voir ailleurs – Monero se refuse à être une monnaie pour les mineurs encore moins une monnaie pour les traders.

Elle veut être une monnaie pour les hommes.

David Latapie

Pour nous joindre :

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Références

  1. MRO est l’ancien code.
  2. Nous n’annonçons quelque chose que quand c’est prêt.
  3. Les BIP sont eux-mêmes basés sur les RFC du web (requests for comments), qui sont des documents formalisant des améliorations du réseau. Le mail, IPv6 ou HTTPS sont tous partis d’une RFC.
  4. Avec Monero, la seule manière de vous tracer reste l’IP, ce à quoi répond I2P (annonce sur le forum, annonce sur geti2p.net).